Le souffle de la vallée du Barret
notes de musique

L'historique

1) Histoire ...
2) L'instrument ...
3) La fabrication ...

1) Histoire …

L'histoire de ce cor pastoral en bois remonte à l’aube de notre civilisation, sans doute aux mêmes époques que les cors étrusques, les trompes égyptiennes, les tubas et lituus romains,L'histoire de ce cor pastoral en bois remonte à l’aube de notre civilisation, sans doute aux mêmes époques que les cors étrusques, les trompes égyptiennes, les tubas et lituus romains,… pour ne rien dire des trompes tibétaines ou autres didjeridus australiens. Ce cor pastoral a été utilisé pendant des siècles par les bergers des Alpes comme instrument d'appel, comme moyen de calmer les troupeaux pendant l’orage, et tout naturellement, il a donné naissance à un répertoire musical original. Il a également fasciné les compositeurs qui ont eu la chance de l'entendre et l’on retrouve des thèmes d’appel de cor des Alpes chez Léopold Mozart, Haydn, Beethoven, Berlioz ; Brahms a même développé le dernier thème de sa Iére symphonie autour d’une mélodie entendue au cor des Alpes lors d’un séjour en Suisse.

Egypte ancienne : deux trompettes d’argent sont retrouvées dans la tombe de Toutankhamon.
Epoque romaine : Jules César lors de la conquête des Gaules est impressionné par les trompes des montagnards, capables d’envoyer des signaux à distance. L’historien Tacite parle du « Cornua Alpina ».
Moyen Age : le moine Babulus du couvent de Saint-Gall dans le Valais (Suisse) mentionne des sonneurs de cors qui mendient l’hiver en ville.
Renaissance : l’érudit suisse Conrad Gessner décrit un instrument proche du cor des alpages qu’il baptise « Lituus Alpinus ».
Au XVIII ème : Jean-Jacques Rousseau évoque dans ses écrits sur la musique le fameux " Ranz des vaches " qu’il était interdit de chanter chez les mercenaires suisses enrôlés au service du roi de France, sous peine de mort, car il suscitait tant de nostalgie, qu’il les poussait à déserter.
Au XIX ème : Brahms note un fragment de mélodie entendu sur le Righi (relevé sur une lettre envoyée à Clara Schumann avec ces mots …voilà ce que le cor des alpes a joué ce matin …). Il en fera même le motif principal du 4ème mouvement de sa 1ère symphonie ! Alphonse Daudet dans " Tartarin sur les Alpes " parle de façon amusante du sonneur de cor des Alpes….. au bas du perron, un joueur de cor des Alpes mugissait sa plainte modulée, un monotone ranz des vaches à trois notes, avec lequel il est d’usage sur le Rigi, de réveiller les adorateurs du soleil … Wagner, Liszt, Beethoven lui-même et d’autres, s’inspirent du son et de la puissance d’évocation des mélodies de cors pastoraux.
Au XX ème : Après une éclipse, la tradition du cor alpin connaît un renouveau, en Suisse d’abord, où il est devenu un symbole patriotique, mais aussi dans les pays alpins, et même jusqu’au Canada, voire au Japon ! Avec Jozsef Molnar et Jean Daetwyler, il devient instrument de concert (symphonies, musiques de chambre, …).

2) L'instrument ...

L’Alp-horn ou Cor des Alpes est un instrument étonnant, par sa taille et son timbre particulier. Sa sonorité, douce et forte en même temps représente la voix de la tradition musicale de montagne, elle porte en elle autant de mystère et de fascination que de sérénité et d’apaisement. Instrument d’une grande rusticité, il n’est en fait qu’un long tube de sapin creusé et écorcé qui utilise seulement un intervalle limité de sons naturels. La technique du jeu de cet instrument difficile est basée sur l'utilisation des harmoniques naturelles d’un ton de base, car le cor des Alpes n'a aucun trou ou clé pour corriger son intonation. Les mélodies sortant de ce long instrument produisent un émerveillement et de nouvelles sensations vraiment particulières à l'oreille des auditeurs contemporains, habitués aux tonalités tempérées.

L’Alp-horn ou Cor des Alpes appartient aux Alpes, comme la guitare à l’Espagne, la musette à l’Ecosse, le bin aux Indes. La forme du Cor des Alpes ressemble au Lituus (bâton augural des Anciens). Le son qu’il produit paraît dur et rauque lorsqu’on l’entend de trop près ; mais de loin ce son est doux et fort agréable. Connu depuis longtemps dans sa forme actuelle ; car les habitants des montagnes Helvétiques s’en servait au 14ème siècle comme d’un porte voix pour annoncer d’une montagne à l’autre & à une grande distance l’approche des ennemis ; puis est devenu l’instrument favori des pâtres & vachers des Alpes, du Tyrol, de la Suisse ; puis au 17ème siècle dans les hautes Vosges, importé par les marcaires (domestiques s’occupant des bêtes & de la fromagerie ) Il y avait des sonneries conventionnelles pour signaler une bête égarée ou rappeler le troupeau. La complicité des montagnes est d’une grande importance dans la pratique de ce rustique instrument (portée du son 5 à 10 km., parfois plus avec le vent pour allié.). Le Cor des Alpes excelle surtout dans les sons graves & de moyen registre. Le répertoire musical est fourni par de nombreux compositeurs Suisses, Autrichiens, Français, Allemands ; Brahms, Mozart, Richard Strauss n’ont pas été insensibles.

3) La fabrication ...

Mais comment est-il fait cet Alp’horn ? Plusieurs techniques ont été employées. L’une consistait à couper un épicéa présentant la forme requise. Une fois la pièce coupée longitudinalement on évidait patiemment les deux moitiés ainsi obtenues et les recollaient avec de la poix puis les cerclaient avec de l’osier ou du laiton. Une autre technique consistait en un assemblage de lattes de bois maintenues par des cerclages de bois ou de métal. De nos jours les Cors des Alpes sont fait en épicéa du Jura, de Haute Savoie, de Haute Vosges. Il faut plus de 100 heures pour réaliser un Cor des Alpes traditionnel. Des essais sont fait avec du carbone : il sont très légers et une fois pliés peu encombrants, mais conducteurs d’électricité n’aiment pas l’orage et ont une qualité de son très discutable.
Le Cor des Alpes comprend trois parties :
L’embouchure , en buis en houx ou en prunier, dans laquelle les lèvres forment le son.
Le corps principal , en épicéa. Partie conique centrale plus ou moins longue en 2 ou 3 parties.
Le pavillon, amplificateur du son, taillé dans la masse ou formé d’éléments collés puis usinés à la gouge. Il peut être fait de différentes essences de bois : merisier, palissandre (bois de rose ) poirier, mélèze. Le pavillon de forme évasée tournée en biais vers le ciel est supporté par un pied. L’étendue sonore est très grande : quatre octaves. Il ne peut être joué que 13 à 16 notes. Les notes produites forment la série des harmoniques naturels.